Jacques Lefèvre –Jack Leff – (1930-2020)Classé dans : Actualités
Jacques Lefèvre nous a quittés ce mercredi 30 septembre, chez lui, à Portiragnes dans l’Hérault, à l’âge de 90 ans. Ce « sacré bonhomme » fort sympathique et jovial au caractère affirmé aura été un grand facteur de flûtes. Un ancien ministre de la culture, Jack Lang, l’avait qualifié de « Maître luthier » et ce titre ronflant l’avait bien fait sourire, lui qui se sera toujours considéré comme un fabricant, même si la reconnaissance de son travail l’honorait.
Travaillant à partir de 1951 pour le compte de la maison S.M.L. puis pour André Jardé qui lui avait demandé de créer une branche consacrée à la fabrication de flûtes, il s’était installé à son compte en 1967 sous le nom de Jack Leff qui lui avait été trouvé par son ami, ancien professeur et principal commanditaire, Roger Bourdin. Son petit atelier sombre d’un autre âge, difficile d’accès, situé dans le Paris encore populaire du faubourg Saint-Martin accueillit de grands noms de la flûte de sa génération comme Roger Bourdin, Michel Debost, Jean-Pierre Eustache, Christian Lardé, Maxence Larrieu et bien d’autres, et tout autant de flûtistes au début d’une brillante carrière ou encore étudiants. Jacques Lefèvre, fils du facteur de flûte Martial Lefèvre qui avait été premier ouvrier de la maison Louis Lot, avait de quoi être fier d’avoir créé une gamme de flûte destinée à toutes les tessitures d’un orchestre de flûtes, du piccoletto à l’octobasse qu’il avait créée, en passant par le piccolo, la flûte en sol médium, la flûte tierce, la grande flûte, l’alto et la basse qu’il avait remise au goût du jour, sans compter la mise au point d’une flûte à quarts de ton pour l’I.R.C.A.M. Jean-Yves Roosen travailla dans son atelier avant de créer sa propre marque et de perpétuer une tradition française dont il est aujourd’hui l’un des très rares représentants. Une fois à la retraite après des décennies d’un bel artisanat, Jacques Lefèvre a voulu goûter un calme bien mérité, mais son activité locale au service de la musique, de l’acoustique et des musiciens – il l’avait lui-même été, étudiant la flûte au Conservatoire de Paris dans les classes de Marcel Moyse puis de Roger Cortet avant de se consacrer à la lutherie – aura été, longtemps encore, soutenue, jusqu’à ce que la maladie l’oblige à ne plus se déplacer et à garder son domicile, veillé par sa femme aimée. Afin de lui rendre un hommage bien mérité, nous lui avions consacré un long entretien en 2014 dans la revue Tempo flûte. Pascal Gresset
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- 20 Déc 2020 3:48 PM
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